Corpus et questions

Modifié par Margot_dns

Vous avez certainement déjà rencontré ces trois photographies, à observer dans les perles suivantes :

  • La première a été prise par le SS allemand Jürgen Stroop (photographie n° 14), lors d'une arrestation dans le ghetto de Varsovie.
  • La seconde, prise par le photojournaliste Nick Ut, nous montre des enfants, dont une petite fille dénudée du fait de ses vêtements brûlés, fuyant après le bombardement au napalm de leur village vietnamien de Tran Bang le 7 juin 1972.
  • La troisième, prise par le photojournaliste Kevin Carter en 1993, documentant la famine qui sévit alors au Soudan, montre une fillette à bout de forces, avec un vautour à l'arrière-plan.

Questions : 

1. En quoi ces photographies ont-elles, plus qu'une fonction documentaire, une valeur esthétique et symbolique très forte ?

2. Faites des recherches sur l'histoire du cliché La petite fille au napalm, et demandez-vous quel est le pouvoir d'une photographie, en analysant l'effet produit par le cadrage.

3. Le cliché n° 14 du rapport Stroop avait pour vocation de documenter, à l'attention du pouvoir central nazi, l'élimination des derniers survivants du ghetto de Varsovie. Analysez en quoi cette image, devenue symbolique de la Shoah, a été détournée de sa fonction première. Qu'a-t-elle, dans sa composition, qui nous touche ?

Ces exemples nous montrent qu'il existe de fait un usage de l'image, en tant qu'elle est un vecteur de sens : aucun de ces clichés n'a été pris gratuitement (ni en un sens financier pour les deux dernières, achetées par des agences de presse aux photographes, ni au sens d'une absence de finalité). 

4. Pour autant, prises en elles-mêmes et pour elles-mêmes, ces trois images n'ont-elles pas une puissance théâtrale et expressive particulière ? En quoi peuvent-elles illustrer cette réflexion de Lewis Hyde ?

"Une œuvre d’art n’est pas une marchandise, mais un don. Ou, pour le dire d’une manière plus adéquate à la modernité, les œuvres d’art existent dans deux économies parallèles, une économie de marché et une économie de don. Mais une seule de ces deux économies est véritablement essentielle : une œuvre d’art peut survivre indépendamment du marché ; en revanche, sans don, il ne peut pas y avoir d’art". 

Lewis HYDE, Des dons et des talents, dans La Société vue du don, sous la direction de Philippe Chanial, Paris, La Découverte, 2008, p. 579.

Si le don est le caractère distinctif de l'art, se pose alors la question de savoir au juste ce qui se donne, dans l'œuvre.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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